L’oléocanthal est un composé antioxydant présent dans les huiles d’olive extra-vierges, bien conservé si l’huile a été obtenue par extraction à froid (en dessous de 27 °C). Cette molécule était déjà connue pour inhiber la prolifération de certaines cellules cancéreuses — chez la souris — mais le mécanisme était jusque-là mal connu. Les auteurs des travaux, Onica LeGendre, Paul Breslin et David Foster, ont choisi d’étudier les effets de l’OC sur les cellules cancéreuses (prostate, sein, pancréas) et non cancéreuses, in vitro. Résultat : ils ont, sans surprise, observé que les cellules cancéreuses mourraient. Mais, beaucoup plus vite qu’escompté !
Un anti-inflamatoire naturel:
Saviez-vous que l'huile d'olive possède des propriétés thérapeutiques anti-inflammatoires ? Saviez-vous que la consommation de cette huile est vivement recommandée aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Quel principe actif présent dans cette huile est bénéfique pour le traitement de l'Alzheimer ?
Anecdote : Comment l'oléocanthal a été découvert ?
Des chercheurs américains ont découvert dans l'huile d'olive un composé chimique qu'ils ont nommé oléocanthal.
La découverte de l'oléocanthal est le résultat d'une pure coïncidence. Gary Beauchamp, biologiste du centre Monell de la chimie des sens à Philadelphie, s'est rendu compte en donnant une conférence de gastronomie moléculaire en Sicile que l'huile d'olive extra vierge produit dans la partie postérieure de la gorge une légère irritation similaire à l'irritation causée par la prise orale d'un médicament anti-inflammatoire non stéroïdien connu : l'ibuprofène (Nurofen® ou Advil®).
De retour aux Etats Unis, Gary Beauchamp et un groupe de scientifiques se mirent à rechercher dans l'huile d'olive la molécule responsable de ces démangeaisons caractéristiques de l'ibuprofène. Ils finirent par l'isoler et lui ont donné le nom d'oléocanthal, un nom composé de trois racines grecques (oléo = olives, canth= irritation et al= aldéhyde).
Vertus anti-inflammatoires de l'huile d'olive extra vierge
L'oléocanthal est une substance naturelle qui possède la propriété d'inhiber les enzymes de la cyclooxygénase (COX-1 et COX-2), avec à la clé, une action pharmacologique identique à celle produite par le fameux médicament ibuprofène. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue scientifique : Nature. Le groupe de scientifiques dirigé par Gary Beauchamp, constatèrent que comme l'ibuprofène et l'aspirine, l'oléocanthal possède une action anti-inflammatoire et analgésique.
Quelle est l'importance de l'action anti-inflammatoire exercée par la consommation de l'huile d'olive ? L'étude a révélé que l'huile d'olive extra vierge contient jusqu'à 200 microgrammes d'oléocanthal par millilitre.
En tenant compte du coefficient d'absorption (de l'ordre de 60 à 90%), on peut facilement déduire que la consommation de 50 ml ou 4 cuillères à soupe d'huile d'olive extra vierge exerce une action anti-inflammatoire équivalente de 10% de la dose d'ibuprofène recommandée pour soulager la douleur des adultes.
Huile d'olive et maladie d'Alzheimer
L'effet anti-inflammatoire exercé par la consommation de l'huile d'olive extra vierge pourrait également jouer un rôle important dans la prévention de la maladie d'Alzheimer. L'une des causes principales du développement de la maladie d'Alzheimer provient de la formation dans le cerveau, de plaques amyloïdes ou séniles, constituées d'un peptide nommé beta-amyloïde.
Une étude récente a montré que l'oléocanthal, réduit l'agrégation du peptide bêta amyloïde et sa liaison à la surface des neurones, ralentissant du même coup le développement de la maladie d'Alzheimer.
Une consommation régulière d'huile d'olive vierge peut avoir, à long terme, uneffet préventif vis-à-vis de nombreuses maladies chroniques inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde inflammatoire, les maladies cardio-vasculaires et même certains types de cancers.
N'hésitez surtout pas à consommer davantage de cette huile aux mille vertus ! Dans cet article, nous avons mentionné à plusieurs reprises l'huile d'olive extra vierge qui a l'avantage d'être plus riche en polyphénols que l'huile d'olive raffinée. C'est aussi une huile qui possède un taux d'acidité inférieur à 1 g par 100 g d'huile.
L' huile d ' olive contre le cancer:
En règle générale, des cellules qui meurent entrent en apoptose, une sorte de suicide, en 16 à 24 heures. En présence d’oléocanthal, les cellules cancéreuses sont mortes en un très court laps de temps : 30 minutes pour les plus rapides ! L’apoptose ne pouvait donc pas être le seul processus à l’œuvre.
Grâce à l’analyse fine des facteurs cellulaires dans leur boîte de Petri, les chercheurs ont établi une hypothèse. Pour eux l’oléocanthal pénètre à l’intérieur des cellules cancéreuses et détruit les lysosomes, sortes de petits sacs internes qui accumulent les déchets. Les lysosomes sont plus gros dans les cellules cancéreuses que dans les cellules saines et sont plus fragiles aussi. L’oléocanthal endommage visiblement la membrane de ces sacs en inhibant une enzyme, c’est alors que les fonctions cellulaires commencent à faiblir puis la cellule meurt. Tandis que les cellules saines, elles, demeurent intactes. "Cibler la stabilité de la membrane lysosomale représente une nouvelle approche pour induire la mort des cellules cancéreuses",concluent les auteurs.
De là à faire de l’huile d’olive un médicament anticancer, il y a un grand pas que les chercheurs ne franchissent pas. Tout d’abord cette étude ne porte que sur des cultures de cellules, bien éloignées de la complexité d’un organisme multicellulaire. Et puis, David Foster sort sa calculette : "Dans une huile d’olive extra-vierge de haute qualité, l’oléocanthal est à une concentration d’environ 0,2 mg/ml. Or pour avoir un effet anticancéreux chez la souris, de précédentes études ont montré qu’il fallait leur administrer 0,15 mg d’OC par souris. De ce fait pour un sujet de 90 kilos (l’équivalent de 3000 souris) il faudrait consommer 450 mg d’OC [0,15 mg X 3000 = 450 mg] pour obtenir la même dose efficace soit boire [(1 ml/0,2 mg) X 450 mg = 2250 ml] soit 2,25 litres d’huile d’olive !"
"La dose utilisée dans les essais chez la souris est très élevée, confirme Paul Breslin, mais il est raisonnable de penser qu’une exposition continue quotidienne [à l’oléocanthal] au cours de la vie pourrait avoir un gros effet aux niveaux observés." Et de conclure logiquement que "nous avons besoin de plus d’études animales et puis d’essais humains".
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